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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween II TV cut : critique exclusive

Aux Etats-Unis, le montage et remontage des films est monnaie courante, surtout pour les diffusions télévisées. Une version cinéma sortira en version non censurée en vidéo, mais en version extra censurée pour son passage sur petit écran (large public oblige). Mais l’exercice tire son épingle du jeu en présentant des séquences alternatives pour combler les minutes perdues par la coupe des scènes jugées trop sanglantes. Les fans pourront ainsi découvrir le film dans un tout autre montage, apportant son lot d’exclusivités, mais aussi de contrariétés. Sous cette nouvelle forme, Halloween II présente une autre dimension aux liens entre Laurie Strode et Michael Myers, mais s’emprisonne aussi dans des plans assez pantouflards, avares en action et à la crédibilité toute relative… Avant tout, le souci premier apparaît avec le format plein cadre qui réduit à la fois le champ (magnifique cinémascope propre à Carpenter) et le potentiel d’actions. Avouons-le d’emblée, l’allure de téléfilm ne sied pas du tout à la réalisation de départ et anéantit beaucoup de la force du métrage.

Les infirmières Janet et Karen dans les couloirs lugubres de la clinique de Haddonfield…

Si la version télévisée d’Halloween II apporte son lot de séquences inédites, elle réduit aussi certains passages (Loomis hurlant avoir tiré six fois sur Myers, l’arrivée de l’enfant à la lame de rasoir dans la bouche) et des lignes de dialogues (dont le culte : « Vous ne savez pas ce que c’est que mourir ! » lancé par le Dr Loomis). Et tant qu’à ajouter et réduire des séquences, Halloween II TV Cut se permet surtout de ne plus présenter les morceaux d’origine dans un ordre logique. Laurie est conduite à l’hôpital, prise en charge par le Dr Mixter, endormie par une injection de tranquillisants, et c’est seulement là que Loomis s’attaque à celui qu’il confond avec Myers, et que le véritable tueur entre dans la maison de la vieille madame Elrod préparant ses sandwiches. Le montage de cette scène est différent de la version cinéma, et s’il respecte les extraits musicaux du film La Nuit des Morts-Vivants de Romero, diffusé à la télévision, il présente un montage absurde exposant un plan en arrêt image de Myers issu de l’hôpital juste avant celui de Mme Elrod hurlant, la main en sang ! Idem pour l’expédition de Mr Garrett dans l’arrière cour de l’hôpital, où il se retrouve tour à tour à l’intérieur et à l‘extérieur de la clinique d’un plan à l’autre, entrecoupé par des images de Myers déambulant dans les couloirs de la clinique sans la moindre logique. Myers est armé d’un scalpel, puis apparaît soudain dans le plan où il frappe Mr Garrett avec un marteau. À n’y rien comprendre…

Michael Myers, une menace bien réelle…

Dans la même veine, le devoir de morale typiquement américain saura aussi faire surgir une accusation des fléaux de société. Une scène présentera Mr Garrett affirmant à Karen que ce qui a tué ces trois jeunes de Haddonfield, c’est la drogue. Les deux autres principaux rajouts de cette version télévisée sont un appui sur la recherche des parents de Laurie Strode, qui étaient à la même soirée country club que le Dr Mixter, mais qui sont mystérieusement injoignables depuis ; et une conversation entre Janet et Karen montrant toute l’inquiétude des infirmières quant au fait qu’on leur amène une patiente qui a été poursuivie par un tueur fou, risquant ainsi de conduire le tueur jusqu’à elles. Une ambiance nait incontestablement de ces séquences alternatives et inédites, mais ne peut que contenter le fan qui connait déjà la version cinéma par coeur.

Conc
entrons-nous donc sur ce que le film nous apporte plutôt que sur ce qu’il nous ôte. Le secret liant Laurie Strode à Michael Myers ne tarde en fait pas très longtemps à surgir, c’est la que la version TV Cut se rallie à ce que John Carpenter avait écrit comme intrigue (et qu‘on retrouve d’ailleurs dans la novélisation de Jack Martin en librairie) : à son arrivée à l’hôpital, Laurie insiste tout d’abord pour ne pas être endormie. Son état de choc quant aux événements qui ont précédé cette nuit-là se justifie largement. Et lorsqu’elle apprend l’identité de son agresseur, tout lui revient petit à petit en mémoire. Elle fait une crise lorsque Jimmy lui annonce que Myers est mort car elle n‘a aucun doute sur ce point : celui-ci reviendra la traquer. Plus tard, quand elle rêve d’elle toute petite rendant visite au petit Myers à l’asile, sa voix d’enfant supplie ce dernier de ne pas se mettre en colère contre elle, car elle est sa soeur et qu’elle ne lui veut aucun mal. Par contre, on ne verra plus le plan de sa mère adoptive lui révélant la vérité. Lorsqu’elle quittera sa chambre d’hôpital et trouvera un téléphone dans une pièce voisine, là où le film d’origine coupera, la version télévisée présentera Laurie adressant des mots à sa mère, pleurant qu’ « il » ne mourra jamais. La révélation de Marion au Dr Loomis pour lever le voile sur les intentions de Myers n’a plus le même effet, car Laurie Strode sait à qui elle a affaire, et les séquences de chasse à travers les sous-sols de la clinique (plutôt respectés et musicalement bien menés) restent efficaces et percutants. Cette fois, Laurie ne tente pas seulement à échapper à un tueur, mais à son frère, et elle le sait. Cette nouvelle dimension apporte un plus au restant de l’histoire, et peut-être même au restant de la saga.

De nouveaux dialogues viennent approfondir un peu certains personnages qui en ont bien besoin !

La dernière partie du film réservera d’ailleurs une surprise assez monumentale pour les fans, puisqu’à force de censurer tous les meurtres, on ne s’étonne même plus de ne plus voir à l’image les précédents intervenants (que sont devenus Janet, Mme Alvès et le Dr Mixter ? On ne le saura jamais). Un astucieux montage de scènes permettra à Jimmy de ne plus glisser sur une flaque de sang, mais être projetté par le souffle de l’explosion du local par le Dr Loomis. S’il est évidemment peu crédible que le jeune homme n’avait jusque-là entendu ni les cris de Laurie ni les coups de feu, cela rendra son apparition finale plausible. Car oui, Jimmy survit bel et bien à Halloween II. La version télévisée a dès lors son happy end, et Halloween 4 peut clairement revendiquer que Jamie Lloyd est la fille de Laurie et Jimmy. Comme quoi la suite de la saga a également su s’appuyer sur des éléments qui n’ont pas été totalement officiels. Halloween II avait donc quelques séquences intéressantes à présenter aux fans, mais méritait mieux qu’un transfert télévisé pour cela. Réduit à une projection lavée de toute goutte de sang et de séquences choc, le film perd son âme et son impact, mais est sauvé in extremis par la puissance des révélations sur l’identité de Myers par rapport à son éternelle victime Laurie. Un troisième montage, plus fidèle aux intentions de départ, et mêlant le meilleur des deux autres versions (la ciné et le TV Cut) aurait bien mieux su rendre justice au scénario d’origine.

Scènes alternatives et final en happy end, Halloween II TV cut dévoile de bien belles surprises…

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