ZESHAPEHALLOWEEN

L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

PORTRAIT : DONALD PLEASENCE, L’ÉTERNEL DOCTEUR LOOMIS

Né le 5 octobre 1919 à Worksop, en Angleterre, Donald Pleasence se lance dans une carrière cinématographique dans les années 50, comme pour exorciser par l’art et l’expression scénique les années passées en camp de concentration sous la torture du régime nazi durant la Seconde Guerre Mondiale. Acteur et comédien prolifique, il joue dans tous les registres sans porter d’attention à la valeur que peut rendre son interprétation, ni en estimant le potentiel des scénarios qu’il accepte. Aussi le retrouve-t-on autant dans des films cultes tels que 1984 (1956), Le Cirque des Horreurs (1960), La grande évasion (1963), Cul-de-Sac et Le voyage fantastique (1966), On ne vit que deux fois (1967), THX 1138 (1971) ou Ombre et Brouillard (1992) que dans de petites productions horrifiques et nanars : Les liens de sang (1978) Night Creature (1978), Dracula (1979), Le club des monstres (1980), New York 1997 (1981), Phenomena (1985), Prince des Ténèbres (1987), La Maison Usher (1988), Paganini Horror (1989), apparaissant ainsi dans plus de 200 films et séries TV, travaillant aux côtés des plus grands réalisateurs tels que Dario Argento, John Carpenter, Claude Chabrol, Roman Polanski, George Lucas et Woody Allen.

Un vilain culte s’opposant à James Bond dans On ne vit que deux fois.

C’est pour sa participation à la saga Halloween que son nom sera gravé dans la légende de l’horreur. Et pourtant, il accepta le rôle du Dr Loomis dans La nuit des masques de Carpenter en 1978 uniquement à la demande de sa fille, épatée à l’époque par le film Assaut. John Carpenter envisageait d’abord le rôle du psychiatre pour Christopher Lee, qui déclina la proposition (et annonça par la suite l’avoir amèrement regretté). Issu, tout comme l’éternel Dracula, du monde fantastique de la Hammer, Donald Pleasence avait même interprété l’ennemi juré du plus célèbre vampire du cinéma dans Dracula de 1979, lorsque le monstre était interprété par Frank Langella. Grâce au succès mondial de Halloween, il se fait connaître d’un nouveau public dans une horreur beaucoup plus psychologique et moderne. Son cachet de 20.000$ pour 5 jours de tournage dans le film de John Carpenter promettait, à hauteur de l’immense succès du film dans les salles, une multiplication généreuse pour l’avenir de sa carrière. Lié par contrat pour Halloween 2 en 1981, il revient une nouvelle fois dans le rôle du psychiatre hystérique dans Halloween 4 en 1988 par amour pour l’argent, et suivant sa propre logique estimant que « sans lui, le film n’aurait jamais fonctionné » (fait qui, après le départ de Jamie Lee Curtis, aurait certainement été vrai et fatal à la saga toute entière).

Toute la force et l’angoisse du Dr Loomis réunies en un cliché incontournable

« Je n’aime pas les films d’horreur. Ils m’intéressent, mais si trois sortes de films sont diffusées dans le petit cinéma en face de chez moi, le film d’horreur ne sera pas celui que j’irai voir. Je joue dans beaucoup de films d’horreur parce qu’on me les propose. Et puisque j’ai toujours besoin d’argent, alors… » Dès le succès du premier film, interrogé par le producteur exécutif Moustapha Akkad sur combien d’opus Pleasence est prêt à exécuter, celui-ci répond : « J’arrête à 22 ! ». Halloween 5 en 1989 et Halloween 6 en 1995 sonnent le glas du personnage du bon Dr Loomis, l’état de santé de Donald Pleasence laissant toujours présager une éventuelle absence du personnage dans un nouvel opus. Dans Halloween 5 d’ailleurs (seul film de la saga pour lequel il émet publiquement des réserves quand aux directions scénaristiques prises), Loomis disparaît de l’écran après un infarctus qui lui semble fatal. Mais l’acteur renoue pour une dernière incursion au cinéma avec le sixième opus. « L’idée de mourir et de revenir encore et encore est ce qui fait que les films Halloween marchent tant. » L’acteur décède le 2 février 1995, peu de temps après le tournage d’Halloween 6. Le remontage chaotique du film de Joe Chappelle cette année-là, demandé par les producteurs, se fera donc sans lui, obligeant le film à prendre une direction artistique déplorable qui lui portera lourdement préjudice. Donald Pleasence était très heureux d’interpréter une nouvelle fois son personnage, qui plus est dans un film ambitieux qui sortait des sentiers battus.

Robert Phalen (Dr Wynn) et Donald Pleasence (Dr Loomis) sur le tournage de Halloween.

Marié à quatre reprises et père de cinq filles, Donald Pleasence n’a d’abord hérité au cinéma que de rôles de bad guy, jusqu’à l’opportunité qui lui a été faite avec le rôle du Dr Samuel Loomis dans Halloween. La critique de l’époque souleva une drôle d’ironie, estimant que le rôle de Loomis correspondait à un Van Helsing des temps modernes, chassant le mal dans la nuit et que Christopher ‘Dracula‘ Lee venait de refuser ce rôle. Seconde ironie vérifiée par sa carrière : après avoir interprété le rôle du Dr Loomis, plus personne ne voulait le voir dans la peau d’un vilain. Si chacun sait que John Carpenter nomma le Dr Loomis ainsi en hommage au personnage de Sam Loomis dans Psychose (Alfred Hitchcock, 1960) et que Donald Pleasence joua le rôle dans cinq des films de la saga Halloween, il est à noter que l’acteur interpréta déjà un Loomis dans Nid d’espions à Istanbul (Innocent Bystanders de Peter Collinson en 1972) et jouera le Père Loomis dans Prince des Ténèbres (John Carpenter, 1987). « John Carpenter est le meilleur réalisateur avec lequel j’ai pu travailler. L’une des principales raisons à ça est sa bravoure dans la façon dont il m’a choisi pour ses films. En faisant de moi le président des États-Unis dans New York 1997 et le Dr Loomis dans Halloween, il m’a donné l’opportunité que j’avais manqué de ne pas rester un cinglé stéréotypé. Ce casting à contre-courant pour Prince des Ténèbres a aussi été une belle aubaine pour moi. Les gens entraient dans les salles en s’attendant à ce que je sois encore un mauvais gars, et j’ai fini par incarner tout le bien de l’univers. »

Sous la direction de Dario Argento dans Phenomena

Acteur britannique au talent et à la minutie irréprochables, connu pour sa gentillesse sur les tournages et pour ses yeux immensément bleus qui lui valurent un temps le surnom de « l’homme au regard hypnotique », il usait d’humour sur sa situation et celle du genre : « Je suis un acteur professionnel. J’obtiens des rôles. Je lis des scripts. Si j’accepte de les faire, j’en apprends les textes. Je n’ai aucune théorie sur le jeu d’acteur. Pour moi, il n’y a pas de méthode. Je le fais, c’est tout. » Lorsqu’il lui a été demandé pourquoi il s’évertuait à jouer dans tant de films d’horreur alors que sa carrière est aussi prolifique, il répond simplement : « Parce que j’ai six femmes à ma charge« . Travailleur acharné, Donald Pleasence comptait parmi ses nombreux projets une pièce de théâtre, Le Roi Lear, qu’il aurait partagé avec trois de ses filles, et avait également donné son accord pour reprendre le rôle d’André Toulon dans trois suites de la saga Puppet Master. Il décède cependant à Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes Maritimes, en février 1995 d’une insuffisance respiratoire suite à une opération à cœur ouvert.

Après Michael Myers, Donald Pleasence affrontait Dracula dans le film de 1979.

Élément indissociable du monde de l’horreur, Donald Pleasence aura eu une carrière dont la variété et la longévité resteront dans les mémoires, sans oublier son talent et son investissement dans un registre cinématographique ne garantissant pas toujours des éloges. Au-delà de ses participations aux nombreuses productions de la Hammer et consorts, sa notoriété dans le genre trouve son paroxysme avec le documentaire de référence qu’il présente aux côté de Nancy Allen (Carrie au bal du diable, Robocop, Poltergeist III) en 1984 : Terreur dans la salle (Terror in the aisles), compilation de séquences d’anthologie empruntées aux films d’horreur et de science-fiction des année 30 à 80, dont celle d’Halloween I et II. Après sa mort, Halloween 6 et Halloween 20 ans après lui rendront hommage autant qu’à son personnage phare de la saga, tout comme Halloween Kills en 2021 qui va jusqu’à le ramener à l’image via les traits de l’acteur Tom Jones Jr (Halloween 20 ans après et Halloween 2018 ont également redonné « voix » au Dr Loomis à travers celles de Tom Kane et Colin Mahan). Modèle incontournable du genre, Donald Pleasence appartient pour l’éternité à l’emblématique saga qui l’aura révélé au public nouvelle génération, grâce aux consécrations faites en son honneur dans les nombreux documentaires de la saga (notamment dans le documentaire Halloween 25 years of terror, en 2006). Son amour pour le cinéma n’avait de pair que son affection pour la vie qu’il menait alternativement au sein de sa famille et sur les plateaux de tournage ou de théâtre : « Je ne sais pas si je suis le premier acteur qui vient à l’esprit des gens qui envisagent de tourner des films d’horreur, mais j’ai des appels relatifs à ça plus que régulièrement. Je travaille tout le temps, c’est un choix. J’ai des demeures en Espagne et en France, et je penche, dirait-on, vers un train de vie extravagant. C’est agréable de savoir, dans un sens, que j’ai un mois par an pendant lequel je ne travaille pas et je peux profiter de mon jardin et de mes petits enfants. Et c’est aussi bon de savoir qu’un appel peut me faire traverser la moitié du globe pour jouer dans un film. »

(sources : IMDb, YouTube, zeshapehalloween)

Au Suivant Poste

Précedent Poste

1 Commentaire

  1. Damien 2 février 2023

    Sacré Donald…

Poster un Commentaire

4 − trois =

© 2024 ZESHAPEHALLOWEEN

Thème par Anders Norén