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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : KILLER GAME (2021)

Les déclinaisons de slashers s’opérant à foison depuis les années 70, il était évident qu’elles allaient aussi enduire les plateformes télévisées, adeptes de tous les formats d’exploitation possibles. Netflix s’est donc offert le luxe de proposer la transposition de la nouvelle à succès de Stephanie Perkins, adaptée en scénario par Henry Gayden (Shazam), et mise en scène pour la télévision par Patrick Brice (Creep, version 2014). L’histoire est simple : un mystérieux tueur décime les étudiants d’un campus en exposant au grand jour leurs plus vils secrets, affublé d’un masque à l’effigie de ses victimes. Makani, la jeune héroïne, va tenter de démasquer l’assassin, pour préserver ses amis, sa vie, et son propre secret.

Une bande de jeunes comme on en a déjà vu des milliers…

Sur une idée de base standard, Killer Game (honteusement appelé à l’origine There’s someone inside your house, alors que le métrage se déroule davantage sur un campus que dans une maison) va très vite dévoiler son originalité avec un tueur au look inédit et original avec ses masques imprimés en 3D calqués d’après le visage de ses victimes, et son recours à des sabres et poignards. Les éléments innovants dans le registre étant les bienvenus, la surprise est de prime abord plutôt agréable. Elle participe malheureusement à la déconvenue de la suite, la faute à un scénario creux, pas avide d’indices déplorables sur l’identité du tueur, et d’un casting chétif dont les actions ne tiennent pas la route. La scène d’ouverture, plutôt réussie bien que totalement formatée et classique, laissait présager un bien plus fort potentiel narratif. Après cela, hormis une ou deux séquences de meurtres plutôt bien mises en scène (la séquence dans l’église et le confessionnal, la coupure d’électricité lors de la surprise-party), l’ensemble reste d’une platitude regrettable. Il faut admettre que l’éternelle bande d’étudiants confrontée à un tueur masqué n’est pas un fait nouveau, mais c’est surtout le traitement des personnages qui anéantit le potentiel.

Un arc narratif intéressant mais très mal mis en scène…

L’héroïne, pour commencer, est aussi lisse et peu convaincante qu’un couteau mal aiguisé. Sydney Park a pourtant déjà une carrière bien prolifique à la télévision (via des séries telles que Les experts : Manhattan, The walking dead et Pretty Little Liars : the perfectionists) et a déjà goûté au genre horrifique avec I wish, faites un voeu. Toutefois, le manque de profondeur de son personnage, agrémenté d’un secret somme toute digne de l’émission de télé-réalité phare de TF1, et son manque de conviction dans des moments censés traumatiser une gamine de son âge (elle est agressée par le tueur à son domicile et manquée de finir brûlée vive) mais ne semble pas plus marquée par l’événement dès le lendemain sur le campus. Par extension, ce phénomène de « non-perturbation », traduit par le manque total d’empathie des personnages face à l’assassinat de leurs camarades est un non-sens qui finit par devenir pénible. Le restant de la troupe de l’héroïne n’étant au final qu’un semblant de tout ce qu’on a déjà vu : du gentil gay accueilli parce que rejeté par l’équipe de football au personnage non-binaire totalement transparent en passant par la meilleure amie grande gueule et l’anarchiste en conflit avec son père, sans omettre l’ancien petit ami junkie de l’héroïne, accusé des meurtres parce qu’un peu bizarre et en retrait, et quelques autres clichés navrants (le flic inutile, la grand-mère fragile, le promoteur qui s’octroie tous les succès de sa ville, la garce blonde, le sportif décérébré…), histoire de remplir le cahier des charges. Un palmarès aussi gratiné qu’inepte dans son pouvoir de rester dans les mémoires.

La terreur ne se lit QUE sur le visage de cette jeune victime…

Le film a beau être très surfait dans son ensemble (cela reste un produit Netflix, si tant est de devoir le rappeler), le rythme fait son possible pour ne pas sombrer dans l’ennui. Les meurtres, d’abord assez graphiques, notamment dans la scène d’ouverture (seule séquence réellement mise en scène avec énergie et suspense) et lors de la fête chez Zack, sont sinon assez décevants car faciles ou hors champ (dommage pour la scène dans l’église qui aurait été mémorable si assumée jusqu’au bout). Une amère déception qui va aussi de pair avec la surenchère publicitaire qui annonce le film comme étant le fruit des producteur de Stranger Things et de l’univers Conjuring. Avec ce Killer Game, nous sommes pourtant plus proche des bas fonds de Riverdale à la sauce Scream que du fleuron de la terreur télévisuelle ou cinématographique qu’on nous a promis. Le final, dans un champ de maïs en flammes (la plupart numérique), tentera lui aussi en désespoir de cause de prendre aux tripes mais rien n’y fait : la révélation du tueur aux multi-masques sera aussi prévisible et déconvenue qu’on pouvait s’y attendre, la faute à des indices grossiers étalés comme de la pâte à tartiner à un moment clé du film. Le mobile sera tout aussi absurde et contrecarré par l’héroïne elle-même, qui, comme le spectateur, ne pourra supporter les aberrantes jérémiades qui lui affolent les oreilles. Le clap de fin, bâclé lui aussi, sonnera donc comme une libération de cette parjure de slasher trop léchée pour être honnête, en attendant de trouver d’autres timides productions qui sauront peut-être marquer la différence sans essayer de toujours présenter la même chose et toujours de la même façon…

Le titre original, outrancier et sacrément à côté de la plaque…

KILLER GAME (THERE’S SOMEONE INSIDE YOUR HOUSE), UN FILM DE PATRICK BRICE, USA, 2021

● les + : un tueur qui sa camoufle derrière des masques à l’effigie de ses victimes
● les – :
un ensemble vraiment plus que moyen, la faute à un scénario et des personnages criblés de défauts
● meilleures scènes du film : la séquence d’ouverture, et quelques tentatives louables (dans l’église et dans ses scènes de nuit)
● pires séquences du film :
le final, encore plus raté que le reste du métrage.

Verdict : *****

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