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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

LE SLASHER DU MOIS : GUTTERBALLS (2008)

Amis du bon goût, par ici la sortie. Il ne fait pas bon de rester en présence d’un film tel que Gutterballs. D’ailleurs, même si le slasher a souvent réussi à être très mauvais, on frôle rarement un néant aussi absolu qu’ici. Le « film« , réalisé par Ryan Nicholson en 2008, efface en 90 longues minutes tout ce qu’on pouvait par exemple reprocher à Rob Zombie pour son remake d’Halloween. En effet, Gutterballs remporte la palme du film le plus textuellement vulgaire, avec plus de 500 termes lourdement outranciers, des insultes d’usage avec tout ce que des boules et des quilles peuvent laisser présager, à des tirades bien senties façon connerie de saloperie de putain de bordel de merde. Le réalisateur (également scénariste) semble fier de cette médaille. Toutefois, pour une sortie en salles (il n’avait décidément peur de rien), il lui a fallu affronter le comité de censure. Celui-ci a voulu couper plus de 20 minutes de son film, aussi Nicholson décida de sortir directement son film en DVD en version intégrale. Pour survivre au visionnage du résultat, les aspirines sont à prévoir par cartons pleins.

Un environnement et des dialogues qui font saigner des yeux et des oreilles…

Parlons de l’histoire, puisque ça ne prendra qu’une minute. Deux bandes de jeunes rivaux s’affrontent lors d’une partie de bowling, tandis qu’un tueur décime un à un les membres des différentes équipes. La trame est classique pour un slasher, mais au-delà du scénario, c’est le casting, l’interprétation, la réalisation et tout le reste qui déciment le projet. Les acteurs font sans doute partie de l’entourage du réalisateur, sélectionnés sur le vif sans prétention du moindre talent et d’une quelconque ambition de carrre. On a rarement vu aussi mauvais, sauf peut-être dans les productions de troisième zone comme Camp Blood et autres Bloody Murder. Autant dire que le doublage français semble lui aussi relever de l’incroyable(ment nul) mais vrai. Les personnages sont tous plus insupportables les uns que les autres, les dialogues et les situations sont d’une bêtise sans nom. Le pire est à venir, puisque Gutterballs nous présente également le look de tueur le plus débile qu’il n’a jamais été donné de voir : des chaussures de bowling aux pieds, une veste de bowling sur les épaules, et un sac de bowling sur la tête. À croire que ce film cherchait à battre des records dans le vaste mais triste monde du risible… et les remporte tous haut la main.

Un métrage qui peut se résumer au look du tueur…

Mais là ou le bât blesse, c’est que Gutterballs a tout de même quelques points forts. Quoique, les termes sont quelque peu exagérés. Disons qu’il y a quelques hommages au 7e art de genre, peut-être pour enfoncer encore plus le clou (la quille ?) de la médiocrité par rapport à des modèles tels que Les griffes de la nuit (pour le générique du début et la confection des quilles et du masque), de Maniac (les producteurs ont accepté un pastiche de l’affiche du film de William Lustig pour la promotion de Gutterballs*), une référence verbale à 976-Evil et une allusion à La nuit des masques avec la scène de la fille confondant le tueur avec son petit copain déguisé puis qui se fait étrangler, cette fois avec des lacets de chaussure à défaut du fil du téléphone. Ensuite, quelques effets gores bricolés à l’ancienne pourront ravir les fans de série Z, avec une quille collée au fond de la gorge d’un transsexuel, autre quille taillée en pointe enfoncée dans l’œil, gorge tranchée au couteau, tête explosée entre deux coups de quilles, un visage décimé dans un appareil à lustrer les boules de bowling, et LA trouvaille qui a rendu le film culte chez certains dérangés du ciboulot : le 69 meurtrier, ou comment un gars et une nana s’étouffent mutuellement avec leur partie intime. Hallucinant.

* cette parodie d’affiches a par la suite donné naissance à un florilège d’autres détournements, que vous pouvez voir ci-dessus (Maniac, Halloween, I Spit on Your Grave, Happy Birthday to Me), allant jusqu’à l’inévitable Gutterballs 2 (2015) pastichant Les Dents de la Mer. On n’est plus à un outrage près…

Le final, quant à lui, atroce également, viendra semer le chaos avec l’un des mobiles les plus faciles et foireux jamais vus : le mystérieux BBK dont le pseudo apparaissait sur les tableaux de scores des parties de bowling n’est autre que le gérant du bowling, qui est en fait le père de Lisa, la jeune fille violée la veille par trois semi-caïds après une soirée trop arrosée. Une vieille vengeance, très rapidement expédiée. Désolé, on ne peut pas faire plus court ; ni meilleur, parce que c‘est tout ce que le film a à nous offrir. Une fois plongé dans cette démence de bac à sable, le spectateur ne pourra être davantage consterné, pour peu qu’il soit arrivé jusque là. Sera-t-il toutefois à même de supporter les aberrants dialogues de fin, quand une des survivantes réalise soudain que BBK signifie « Bowling Bad Killer » (mais d’où elle sort ça ?), de voir qu’un coup de fusil soit capable de décapiter un homme, et enfin d’assister à un twist aussi risible qu’une énième tuerie qui ne vise en fait qu’à nous épargner d’un gros beauf de plus ? Nul (ô grand nul) ne sait. Aucun personnage n’est à sauver dans cette indigeste ratatouille filmique. Un métrage difficile à supporter d’une traite, mais qu’on oublie fort heureusement très vite après l’épreuve. Si vous avez fait l’erreur de mettre le moindre centime dans le DVD de ce film, la meilleure reconversion de cet achat restera toujours de caler une armoire bancale par exemple... C’est le mieux qu’on puisse faire.

Un film aussi difficile à avaler que cette quille…

GUTTERBALLS, UN FILM DE RYAN NICHOLSON, USA, 2008

● les + : une idée du tonnerre dans un cadre propice aux pires délires
● les – :
des moyens et des acteurs bien en-dessous du potentiel
● meilleures scènes du film :
aucune. Seules les affiches parodiques sont amusantes…
● pires séquences du film :
au registre du pire, on a rarement fait mieux.

Verdict : *****

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