Dans Halloween II (1981), alors qu’il n’a que 12 ans, Lance Warlock incarne le jeune garçon portant la radio dans les rues de Haddonfield et qui entrera en collision avec Michael Myers (aux Etats-Unis, on le surnomme le boom box boy). Une séquence culte à plus d’un titre, puisqu’au-delà d’être inconsciemment celui qui ‘informera’ le tueur du lieu où se trouve sa victime, il est également le fils de l’interprète de Michael Myers dans le film : le cultissime Dick Warlock. Entretien exclusif de 2010 avec ZeShape :
Bonjour Lance, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions. Pour commencer, comment avez-vous eu l’occasion de jouer le petit garçon dans Halloween II ?
C’est moi qui te remercie de m’avoir invité à répondre à tes questions. Chaque été, je restais avec mon père (Dick Warlock, Michael Myers dans Halloween II, NDR) pendant plusieurs semaines. L’été 1981, il reçut un appel des producteurs d’Halloween II et il lui dirent que John Carpenter allait tourner trois jours de séquences supplémentaires pour le film. Comme d’habitude, j’allais avec lui pour me détendre et observer son travail. J’étais assis dans une caravane tandis qu’il enfilait son costume quand Carpenter est venu pour lui parler des scènes qu’ils allaient tourner ce soir-là. Après quoi ils en arrivaient à la séquence où un jeune adolescent était l’objectif principal. Mon père dit alors à John : « Pourquoi pas Lance pour cette partie ?« . Sur le coup, je restais souriant, attendant de voir ce qui allait être dit. John me regarda, puis se tourna vers mon père et lui dit : « Ok pour moi. » Et j’y étais ! Dès lors, il me fallait arrêter de rire, car je me souviens combien je trouvais drôle de voir mon père dans l’accoutrement de Michael Myers. J’ai grandi en voyant mon père faire la doublure de Kurt Russel et tous ces films Disney, aussi je ne pouvais m’empêcher de rire en le voyant jouer un meurtrier le soir d’Halloween qui marche tout lentement. Nous avions répété à quelques reprises, tourné nos scènes, et je ne pouvais que rarement m’arrêter de glousser. Nous avons donc décidé de ne jamais être ensemble sur le tournage par la suite, car dès qu’on s’avait dans nos champs de vision, c’était le rire assuré. Je craquais à chaque fois.
Quels souvenirs gardez-vous sur l’ensemble de Halloween II ? Pas trop difficile de travailler avec votre propre père ?
Tout le monde était génial et ils avaient tous plaisir à travailler ensemble. Aujourd’hui encore, je retrouve certains d’entre eux inscrits dans les génériques des films que je regarde. C’est là la preuve de leur professionnalisme et que toutes ces personnes étaient déjà douées au début de leur carrière. En ce qui concerne mon père, il était extra lui aussi. Nous avions mis au point une routine de travail agréable et il savait toujours ce qu’il fallait faire pour faire son boulot correctement. C’est pourquoi presque toutes les fois où j’allais au travail avec lui, il savait me faire embaucher pour quelque chose qu’on pouvait me faire faire.
Aviez-vous vu le premier film avant de jouer dans le second ?
Non, je pense que c’est pourquoi je trouvais qu’il était si maladroit dans cet accoutrement. Je n’avais aucune idée de l’original pour me faire une véritable opinion de celui-ci. Je me souviens la première fois que j’ai vu l’original, c’était à la télévision, le soir d’Halloween, juste après notre retour de la soirée d’ouverture d’Halloween II. Oui, je faisais les choses à l’envers! Ce soir-là je voyais les deux à la suite, même si ce n’était pas dans l’ordre !
Très peu de personnes le savent, mais vous avez également joué un petit rôle, indiqué comme une doublure, dans Halloween III – Le Sang du Sorcier. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Ah, bien joué ! C’est l’été qui a suivi Halloween II et cette fois encore je suis allé travailler avec mon père. C’était très tard au milieu de la nuit et ils étaient en train de tourner la scène d’ouverture du film. Un des acteurs jouant un droïde en costume gris se faisait attendre. Un membre de la production est venu vers moi et m’a demandé de le suivre. L’acteur manquant et moi faisions la même taille. Le membre de la prod’ m’a demandé si je souhaitais bosser avec eux. J’ai dit oui, et ils ont renvoyé l’autre acteur ! Je n’avais en fait aucune idée de ce à quoi j’avais dit oui. Mais finalement, je n’ai fait que mettre sa veste, lisser mes cheveux en arrière et siéger en tant que passager dans une voiture conduite par mon père. Il jouait l’un des principaux « costumes gris ». La scène dans laquelle j’interviens est donc celle où notre voiture approche une cour en démolition, puis ralentit. Je regarde par la fenêtre à la recherche d’Harry Grimbridge. La voiture s’en va, puis revient, dévoilant qu’un passager est manquant. Et si vous avez vu le film, vous savez ce qui arrive ensuite…
Voilà qui donne envie de revoir le film. Mais au fait quel est votre film préféré dans la saga Halloween ? Et fatalement celui que vous aimez le moins ?
Mon préféré est l’Halloween original. Excellemment bien réalisé dans de nombreux aspects, à mon sens. J’espère que les gens ne se fâcheront pas si je révèle que je n’aime pas vraiment les versions de Rob Zombie. Je les ai vu les deux coude à coude, et bien qu’il y ait de bonnes idées dans les deux, je trouve qu’aucun n’a cette petite chose qu’avait et qu’aura toujours l’opus original.
Le Michael Myers revu et corrigé par Rob Zombie n’est donc pas de votre goût, ni dans le remake, ni dans Halloween II (2009) ?
Non. Je n’en aime aucun des deux.
Rassurez-vous, ça n’est pas moi qui vais vous blâmer pour ça… Sur le site IMDB, vous êtes nommé en tant que compositeur sur Halloween 25 Years of Terror. Personnellement, j’ai un CD avec la musique composée par Dan J. Schulte. Pourriez-vous s’il vous plaît me dire quelle est votre intervention musicale de ce documentaire ?
Ce CD a été spécialement édité à l’occasion de la Convention Halloween 25 Years of Terror, organisée par Anthony Masi, Sean Clark et Paul Swearingen. Depuis que j’ai eu la chance d’être invité à participer à ce type de convention, j’ai pris avec moi quelques CD de musiques de film que j’avais composé, y compris ma version du thème d’Halloween. Mon but était de donner une copie à Moustapha Akkad (alors producteur exécutif de la saga, NDR) et le supplier de m’engager à composer la musique du prochain métrage. J’ai toutefois reçu un appel m’indiquant que plusieurs de mes pistes allaient être utilisées pour le DVD du documentaire qu’ils étaient en train de mettre sur pied, afin de le distribuer sur le marché international. J’ai même été interviewé pour le documentaire-même. C’était un rêve devenu réalité ! Surtout après toutes ces années de travail antérieures dans la série.
Si vous vous retrouviez face à face avec Michael Myers, là, tout de suite, quelle serait votre réaction ?
Les fans d’aujourd’hui me diraient que je ne serais plus le « boom box boy » (le garçon à la radio), mais l’iPod Man, pour conjurer les années passées ! J’adore cette idée. Mais je pense que ma réaction serait de lui demander pourquoi ne pas avoir tué le garçon à la radio à l’époque ? Reconnaissons-le : je suis l’une des rares personnes ayant croisé la route du tueur et qui a survécu ! Ça c’est cool. Mais ça l’aurait été encore plus de me faire tuer à l’écran par mon propre père, n’est-ce pas ?
Les Lerner, père et fils, ont eu cette occasion dans Halloween 6 !
C’est exact. J’ai d’ailleurs fait leur connaissance lors d’une convention consacrée à Halloween, en 2008. Mais tu y étais, toi aussi !
En effet, la grande convention des 30 ans de la saga, c’est là même que je vous ai rencontré. D’ailleurs, pour finir cet entretien, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous, sur vos prochains actuels et futurs ?
Mon partenaire Leon Bradford et moi composons de la musique pour le cinéma et la télévision sous le nom de Warlock and Bradford. Un long métrage qui nous a marqué en 2009 a été The Taken, projeté dans de nombreux festivals. Nous avons constamment du travail mais nous encourageons toujours les producteurs, cinéastes étudiants ou professionnels à venir nous contacter ! Notre porte est toujours ouverte. Dans cette industrie vos compétences en réseau sont très importantes et nous en voulons toujours plus. Nous avons beaucoup d’échantillons de musique et d’info sur notre site web warlockandbradford.com, il y a aussi des photos de Halloween II et de certaines des conventions auxquelles j’ai participé. Que du fun ! (découvrez certains des titres de Lance Warlock en cliquant sur ce lien, NDR)
Un dernier petit mot pour les fans, français entre autres ?
Oh que oui ! Je suis toujours très reconnaissant, même après toutes ces années, envers les gens qui sont curieux de découvrir de nouvelles choses, qui nous contactent et qui nous invitent à partager avec eux nos souvenirs. Donc un très grand merci à vous tous, fans d’Halloween, qui vous montrez intéressés par toutes ces anecdotes. Vous êtes en vie et la saga Halloween vit grâce à vous. Les fans d’Halloween sont les meilleurs dans le monde ! Gardez le « boom box boy » en vie !
Merci infiniment Lance pour votre gentillesse et votre disponibilité.
C’était un plaisir ! J’adore me prêter à cet exercice et j’espère que tu auras eu les éléments que tu attendais. Merci une fois encore, ZeShape !
(propos recueillis, traduits et édités par ZeShape, juin/octobre 2010)