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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween II (2009) : la métamorphose du Dr Loomis

L’heure n’est plus à comparer les performances diamétralement opposées de Malcolm McDowell dans le remake de Rob Zombie et Donald Pleasence dans la saga originale. La version new age d’Halloween a été voulue comme un renouveau dans lequel les personnages sont revus et corrigés au détriment de ce qui a été instauré dans la version d’origine. L’acteur Malcolm McDowell avait d’ailleurs avoué n‘avoir jamais vu le film de Carpenter ni aucune des suites, donc il n’était aucunement question d’imiter en quoi que ce soit le Dr Loomis original : « Quand j’ai rencontré Rob pour la première fois, raconte Malcolm McDowell, je lui ai dit : « Pour être honnête, je n’ai jamais vu Halloween. Je dois ? ». Il m’a répondu que non, car il allait faire quelque chose d’assez différent. […] J’ai bien connu Donald Pleasence que je respectais énormément comme acteur, bien sûr, et je peux imaginer qu’il a fait un super boulot avec Loomis. Mais c’est le genre de rôle que tout acteur peut rendre intéressant, en se l’appropriant. Pour ma part, si l’on veut, j’ai aimé l’honnêteté de Loomis, sa croyance en des conneries. Car enfin, il ne raconte que des conneries ! Un homme dont l’un de ses patients, dont il s’occupe pendant 17 ans, finit par s’échapper et tuer la moitié d’une ville : vous appelez ça un bon médecin ? Loomis est donc un gars très égocentrique, ce qui le rend faillible, et j’ai trouvé très intéressant de bosser là-dessus. J’ai aussi beaucoup aimé le travail avec Rob, et quand il m’a proposé de faire un second Halloween, je lui ai répondu que je n’avais pas vraiment envie de répéter ce que j’avais déjà fait. Il m’a alors dit : « Nooon, ce serait ennuyeux, je suis d’accord. Cette fois, faisons de lui une merde totale. » Là, j’ai déclaré que j’étais partant, et c’est ainsi que dans Halloween II, Loomis est le seul à profiter de ces horribles meurtres, ayant écrit un livre là-dessus ».


La diffé
rence notoire qui fait du Dr Loomis le sujet de cet article est la contre performance de l’acteur dans Halloween II (2009), toujours écrit et réalisé par Rob Zombie. En effet, dans cette suite, le bon docteur livre un comportement aux antipodes de ce que le personnage cultivait dans le remake, à la demande express du réalisateur et scénariste, très soucieux d’enliser Loomis dans les méandres de la médiocrité opportuniste, ce qui a grandement contribué à décontenancer les fans qui avaient dès lors perdu leurs repères.

Avenant et concerné dans le remake, Loomis devient étrangement détaché et cupide dans ce second opus. « J’apporte la pincée de sel qui manque sur le steak » lance-t-il à son attachée de presse pour justifier ses excentriques élucubrations publiques. Vivant de la mort des victimes de Myers, Loomis se transforme donc en un sombre profiteur doublé d’un désagréable prétentieux aux accents vulgaires et aux exigences démesurées.

Est-ce le fait d’être passé si près de la mort qui a provoqué ce si brutal changement dans la personnalité du psychiatre ? Rien n’est moins sûr. Car sa motivation (son « business ») et son appât du gain restent Michael Myers, quand tous les autres chercheraient à oublier l’objet de leur sinistre expérience qui aura failli leur coûter la vie. Comme il le dit dans le film, il ne se sent à aucun moment fautif dans les drames qui se sont produits par le passé (il s’agirait d’ailleurs là de la principale différence entre le Loomis de Rob Zombie et celui de la saga originale) et se voit même prêt à poser dans l’ancienne maison du tueur en prodiguant la promotion de son dernier livre. Interrogé sur Myers lors d’un séminaire, il explose en traitant les journalistes de fouilles-merde. Mais n’est-il pas lui même le faussaire de la mémoire des gens qui se sont effondrés sous la lame de son ancien patient ? Il se pose en victime à l’attaque du père de Lynda, dont il ne reconnait même pas la photo. N’a-t-il pourtant pas écrit deux livres sur Michael Myers et sur ses victimes d’Haddonfield ? Enfin, il s’offense de la réaction burlesque des présentateurs de l’émission à laquelle il participe pour sa promotion. Ne s’agissait-il pas seulement là de la pure exposition de l’avidité d’un être corrompu par la célébrité et l’argent ?

Un psychiatre étant par définition soucieux de sa fonction et du sort des personnes qui l’entourent, il s’avérera responsable de la déchéance de Laurie en révélant par livre interposé son lien de parenté avec Michael Myers. Il bafouera le sort des victimes de Myers en profitant de leur histoire et en se forgeant une notoriété sur un drame national. Après une telle plongée en abîmes dans le mauvais goût, comment être encore soucieux du sort du Dr Loomis dans Halloween II ? Son regain final pour ce qu’il a été dans le premier film en accourant au secours de Laurie ne pourra pas effacer l’amère transformation du personnage d’un film à l’autre. À l’heure où son destin semble tout tracé à la fin du métrage, et quant à estimer qu’il ait pu survivre une nouvelle fois aux assauts meurtriers de Michael Myers, qui aurait réellement souhaité que le Dr Loomis soit encore de la partie dans un 3ème Halloween III réalisé par Rob Zombie ?

(sources : ZeShapeHalloween, Mad Movies)

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