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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

HALLOWEEN 6, 20 ANS APRÈS : OPINIONS ET POSITIONS (+ PROPOS DE KENNY KAPERTON ET JUSTIN BEAHM)

Le vingtième anniversaire d’Halloween 6 est l’occasion idéale de comparer les critiques officielles de l’époque au regard que l’on pose sur le film aujourd’hui. Présenté de manière brute aux professionnels du cinéma à sa sortie en 1995, La malédiction de Michael Myers faisait pâle figure, traînant une réputation épouvantable sur ses aléas de production. Ces travers n’étant à l’époque connus de personne (juste évoqués mais non creusés), ils sont mécaniquement rattachés à un amateurisme et une hâte totale sur son élaboration. Le film devient alors la cible idéale des critiques presse, dénonçant à la fois l’opportunisme et la pauvreté des sagas à rallonge, qui se perdent dans l’absurdité de leurs séquelles. Dans son analyse du film en 1995, l’équipe de Fangoria indique : « Les dernières parties des deux autres franchises du genre, à savoir Jason va en enfer pour Vendredi 13 et Freddy sort de la nuit pour Les griffes de la nuit, engageaient leurs séries respectives dans de toutes nouvelles directions, prenant compte des faibles résultats de leurs opus précédents. À sa décharge, Halloween 6 choisit donc de présenter autre chose qu’une simple succession de meurtres commis par un tueur masqué, il va tenter d’expliquer les raisons pour lesquelles Michael Myers agit de cette manière. Malheureusement, il semble évident que certaines choses devraient rester dans l’ombre ». Le célèbre magazine américain loue donc les tentatives de renouvellement, mais condamne la trame choisie.
« John Carpenter indiquait à l’époque d’Halloween II : ‘Je me suis installé pour écrire la séquelle et j’ai réalisé qu’il n’y avait aucune histoire… Halloween fonctionnait très bien à lui seul. On aurait juste du le laisser comme tel’, rappelle Fangoria magazine. Et les responsables d’Halloween 6 auraient à coup sûr du suivre le conseil de Carpenter. Car après quatre séquelles (omettons le 3e opus), et compte tenu du nombre incalculable d’imitations du genre, la forme lambda du slasher movie est fatiguée et complètement désossée ». Il est vrai que les dix premières années après le premier Halloween ont été fastes aux sagas et aux slashers indépendants, suivies par près de dix années de traversée du désert pour les retardataires, et les séquelles tardives comme Halloween 6. Pourtant, le slasher movie, las au possible, s’apprêtait à rejaillir de sa tombe avec Scream, sorti un an seulement après le dernier désastre en salle de Michael Myers. La façon dont le slasher est abordé est donc primordiale, et Halloween 6 ne se montre pas assez original, ou tout du moins téméraire dans sa façon d’aborder le genre. Le scénario original de Daniel Farrands était beaucoup plus ambitieux, mais nul ne saurait dire si cette recette aurait été plus couronnée de succès à une époque où le public avait un indéniable besoin de fraîcheur.
« Halloween 6, une suite qui ne s’imposait franchement pas », écrivait Mad Movies dans son numéro de mars 1998, année où enfin le film arrivait jusqu’en France, quelques mois avant qu’Halloween 20 ans après ne vienne casser la baraque. Les dénonciations pour Halloween 6 sont rébarbatives et légion. On dénonce un Donald Pleasence malade et effacé, une réalisation psychédélique cherchant à camoufler un scénario laborieux et grotesque, une intrigue ambiguë et un final totalement incompréhensible. Sur internet, les critiques sont unanimes sur ces points, et en deviennent presque lassantes à ne pas chercher au-delà de ce que le film présente au premier abord. Filmsfantastiques.fr souligne la déception que procure le visionnage du film de Joe Chappelle : « Qu’espérer d’une énième séquelle d’Halloween après les inepties de l’épisode 5 ? Pas grand-chose en vérité. Et c’est exactement ce que nous propose ce sixième opus, raclant les fonds de tiroir, peinant terriblement pour raccorder son intrigue à celle des films précédents et se trouver une légitimité au sein de la saga, quitte à accumuler en chemin des incohérences colossales ».

Bête noire par excellence, le métrage est parfois rangé derrière d’autres films encore plus catastrophiques, comme Halloween 5 ou Halloween Resurrection. L’opinion du site DeVilDead est sans appel : « Malgré (…) de bonnes intentions d’origine et quelques idées intéressantes, Halloween 6 reste encore aujourd’hui (et dans sa forme actuelle) l’opus le plus faible de la saga ». Ce que confirme le site britannique Popcorn pictures : « Les choses ne pouvaient pas être pires après un aussi mauvais Halloween 5. (…) Mais en fait, si. Après le carnage de l’histoire vient le carnage du film. (…) La malédiction de Michael Myers est une séquelle tragique, et de loin le pire épisode de la saga ». Même Adam Rockoff, auteur du recueil Going to pieces : the rise and fall of the slasher movie mentionne Halloween 6 comme le plus mauvais chapitre (mais affichera tout de même le Myers de ce 6ème opus en couverture de son livre). Le site Rottentomatoes accorde à Halloween 6 seulement 6% d’intérêt. Une note doublement déplorable, quand on voit que l’équipe attribue 12% à Halloween Resurrection, et même 16% à Vendredi 13 chapitre 5 et 17% à Massacre à la Tronçonneuse 4 ! La chose positive est que l’intérêt que les fans ont accordé à la version Producer’s cut a permis l’édition en blu-ray du film en 2014, 20 ans après la fin de son tournage. Cette édition, mêlée à un coffret ultime réunissant tous les films de la saga, a été agrémentée de nombreux bonus explorant la genèse du film, rendant ainsi à Halloween 6 sa légitimité originelle et déchue par des années de mise en abîme.

Avec Kenny Caperton, Michael Myers n’est jamais loin…

Bonus – Duo d’opinions :
Kenny Caperton et Justin Beahm. Interrogés par ZeShape, ces deux fans invétérés de la saga Halloween s’expriment au sujet d’Halloween 6 : the curse of Michael Myers, de leur point de vue d’aujourd’hui, 20 ans après la sortie du film.

Kenny Caperton, qui a fait construire sa maison en Caroline du Nord en s’inspirant de la demeure de Michael Myers d’après le film original de John Carpenter :

« La malédiction de Michael Myers est un chapitre intéressant dans la saga Halloween. J’apprécie tout particulièrement la tentative de la part des créateurs d’avoir essayé quelque chose de nouveau. J‘aime vraiment l’atmosphère et le ton du film, ainsi que l’histoire du culte d’une certaine manière. Même si je reste heureux que la série n’a pas continué dans cette direction.
Une
chose à laquelle je tiens tout particulièrement dans Halloween 6, c’est qu’il embrasse pleinement la saison d’Halloween, renoue avec les origines de la célébration et tente de l’intégrer dans la ligne principale du script. Les meurtres sont également assez impressionnants dans ce film. Et évidemment, nous ne pouvons pas oublier qu’il est le chapitre final présentant le seul et unique Donald Pleasence.
Dan
s l’ensemble, je pense qu’Halloween 6 est un épisode solide dans la série Halloween. Personnellement, j’ai le symbole de Thorn tatoué sur mon poignet, donc je pense que c’est la raison pour laquelle ça ne dérange pas Michael que je vive dans sa maison ! Joyeux anniversaire Halloween 6 !! »
.

Justin Beahm, réalisateur du documentaire Halloween : You can’t kill the boogeyman, et organisateur d’événements autour de la saga :

Halloween 6 est le film le plus ambitieux de la franchise. Il aborde courageusement le sujet des origines de Myers en tentant de conduire la série sur une nouvelle voie. J’apprécie la façon dont elle dépeint l’ambiance du Midwest au mois d’octobre, et la façon dont il joue avec la mythologie de Michael Myers dans le cadre de la narration établie dans le film original. Et surtout, j’aime comme il jette courageusement la prudence au vent avec une audacieuse trame impliquant une secte et une connexion très directe au plus infâme résident de Haddonfield.
Une
des choses uniques que les fans auront aussi avec Halloween 6 c’est de découvrir le film dans deux versions. Le montage cinéma, et la version alternative longtemps restée inédite et finalement éditée récemment. Bien qu’il soit en vogue aujourd’hui de sortir des films affublés de la mention Uncut pour introduire quelques secondes de nudité ou de vulgari supplémentaires, ici les deux versions sont différentes au point que leur achat respectif est totalement justifié. Les ‘bonnes gens’ de chez Dimension étaient connus pour leur ingérence dans la post-production de plusieurs de leurs films dans les années 90, et Halloween 6 n’échappe pas à la règle. Comme en témoigne le montage final, que beaucoup estiment déroutant, et qui a abouti à la version cinéma de l’histoire. La version Producer’s cut, elle, renoue avec le mystique, contient de très étranges éléments et des coups de théâtre impressionnants. Sans oublier une histoire aux angles plus arrondis, et résolument plus étoffée.
Pour f
inir, quelle que soit sa version, Halloween 6 est très fun et a quelque chose de rare dans les annales du cinéma d’horreur. Il fait d’une histoire convenue dans son registre quelque chose de bien plus arrangé. Qu’il ait pu être une réussite financière ou non, c’est un film unique, bourré de moments vraiment très satisfaisants, au milieu d’une saga tout aussi unique et incroyable »
.

(sources : IMDb, Fangoria magazine, Mad Movies, popcornpictures.co.uk, rottentomatoes.com, devildead.com, filmsfantastiques.blogspot.com
interviews : propos recueillis, traduits et édités par ZeShape, juin/octobre 2015)

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HALLOWEEN 6 : 20 ANS APRÈS

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