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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

HALLOWEEN 6, 20 ANS APRÈS : L’ULTIME ASSAUT DU DR LOOMIS

« Je considère chaque rôle de la même façon : très sérieusement. Je suis un acteur professionnel. J’obtiens le rôle, je lis le script. Si je décide de le faire, j’en apprends les répliques. Je n’ai pas de théorie sur le jeu d’acteur. Pour moi, il n’y a pas de méthode. Je le fais, c’est tout ». De par ces mots, révélés par l’acteur en 1989, Donald Pleasence prouve toute son humilité et son talent quant à sa façon d’appréhender un rôle au cinéma. Prétendant avoir accepté de reprendre du service dans Halloween 4 pour l’argent, Pleasence ne restera pas très longtemps dans ce sentiment de suffisance vénale : « Paul Freeman m’a appelé. J »étais libre. Voilà tout ».

Donald Pleasence n’a jamais eu besoin de se justifier longtemps quant aux rôles qu’il a accepté. Ancien prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a considéré le métier d’acteur de cinéma et de théâtre comme une échappatoire, un besoin vital de considérer l’existence terrestre comme un jeu. Sa carrière s’étale sur plus de 200 films et séries, notamment dans le genre horrifique et fantastique. Pourtant, il déclare ne pas aimer les films d’horreur : « Si j’en tourne, c’est uniquement parce qu’on me demande de le faire ! ». Il participe notamment à des films très réputés, tels que Prince des Ténèbres, 1984, Dracula, THX 1138, Phenomena, New York 1997, mais aussi à des productions moins ambitieuses mais tout aussi représentatives, comme La maison des Usher, Paganini Horror, Le cirque des horreurs, La secte des morts-vivants ou encore Night Creature et Le club des monstres. John Carpenter disait de lui : « Durant les dernières années de sa vie, il se sentait assez mal à la pensée d’avoir joué dans tant de mauvais films. Ça le contrariait vraiment ». Mais l’acteur est doté d’une persévérance et d’une fidélité à toute épreuve, au point de continuer à fouler les plateaux de tournage alors qu’une foudroyante maladie commençait à s’emparer de lui. Il l’avait d’ailleurs promis, le jour où il avait lancé cette plaisanterie à laquelle il allait réellement s’attacher : « Je ne m’arrêterai pas avant Halloween 22 ! ». C’est donc tout naturellement que Donald Pleasence accepte de participer à Halloween 6. « Je suis vraiment ravi de jouer Loomis une nouvelle fois. J’avoue avoir cru que le rôle ne me serait plus jamais accordé. On avait fait le 5, et je n’ai plus rien entendu pendant des années. Je pensais que ça en resterait là et que je ne jouerai plus jamais Loomis. Et, d’une certaine manière, j’étais soulagé, parce que je pense que Halloween 5 avait pris une direction complètement absurde et avait perdu beaucoup de ce que les précédents films étaient si difficilement parvenus à intégrer à la série, soit un vrai sens de la terreur et du suspense. Mais quand j’ai été contacté il y a six mois et qu’ils m’ont dit qu’ils allaient en faire un nouveau, j’ai été très excité à cette idée. Le script est bon, le réalisateur a l’air plutôt bon, alors me voilà ». Interrogé par l’équipe de Fangoria magazine quant à son opinion sur les précédents opus de la saga, l’acteur répond sans langue de bois : « Le premier reste le meilleur. Et je pense qu’Halloween II a son lot de très bons moments. Le chapitre 4 semblait prendre un peu de recul pour faire avancer les choses de la bonne façon. Mais le 5 ! Il était juste mauvais ».

Dans la version cinéma comme dans la version Producer’s cut d’Halloween 6, l’issue sera résolument tragique pour le bon Dr Loomis !

Donald Pleasence révélera même avoir été absolument enchanté à la lecture du scénario signé Daniel Farrands. Pour l’acteur, la saga mettait enfin les pieds dans le plat. Selon lui, l’aura mystique et fantastique qu’injecte Halloween 6 est une très bonne chose : « Avec le temps, j’ai pensé que Loomis devenait vraiment un illuminé, un excentrique qui criait au loup pour rien et courant après une prophétie apocalyptique à laquelle personne ne croyait avant qu’il ne soit trop tard. Mais avec l’arrivée de ces éléments métapsychiques, il a un réel démon à affronter ». Et pour se faire, il est pour la première fois aidé de personnages qui croient en son combat : Tommy Doyle, tout d’abord, qui devait même prendre le relais du bon docteur pour devenir le nemesis du croquemitaine dans les chapitres suivants ; et le Dr Wynn, ancien collègue de Smith’s Grove, à qui Loomis demande l’aide pour son ultime combat contre Michael Myers. « Aussi contradictoire que cela puisse paraître, la notion de surnaturel aide considérablement le film et les personnages à diriger la saga dans une direction beaucoup plus logique à mon goût ». Après tout, n’était-il pas dans l’intention de John Carpenter, à l’origine, d’intégrer cette notion de fantastique avec les apparitions fantomatiques de Myers, mêlées à sa force quasi-indestructible ?

Mis à mal dans le final d’Halloween 5 (il s’effondrait sur Myers, des effets d’une crise cardiaque que les scénaristes et producteurs lui envisageaient comme fatale), le Dr Loomis coule les jours paisibles dans sa demeure de campagne. Prié par son collègue Wynn pour reprendre du service à la clinique de Smith’s Grove, Loomis décline et indique d’une voix paisible mais assurée que sa vie de psychiatre est derrière lui, preuve en est son recueil dans lequel il dit avoir enfermé les fantômes du passé. Dès lors, avant que l’appel radio de Jamie Lloyd ne le sorte très vite de ses résolutions de retraité, le Dr Loomis présenté dans Halloween 6 est à l’opposé de ce qu’illustraient les deux derniers opus de la saga : soit un personnage forcené qui s’évertue à cibler l’élimination de Myers, quitte à en perdre la raison. Une attaque au cœur et six ans de réflexion auront contribué à adoucir les intentions du docteur, sans pour autant les effacer complètement. Persuadé de la véracité des propos tenus par Jamie, et convaincu que Michael Myers est à nouveau en route pour Haddonfield, Loomis, dans une scène issue du Producer’s cut, s’avance lentement vers un coffret contenant le revolver qu’il avait toujours réservé au sort de son pire cauchemar. Sa traque sera endeuillée par la perte de Jamie (une scène particulièrement émouvante dans la version Producer’s cut, où Loomis pleure de colère sur la dépouille de la jeune fille comme un père à qui on a arraché l’enfant), et comme à son habitude (malheureuse) dans la saga, sera à ses dépends à l’origine de bien des malheurs. Sa confiance naïve en Wynn le conduira à mentionner l’existence des Strode dans l’ancienne maison de Myers (l’homme en noir pouvant alors à cette information envoyer Michael éradiquer les habitants) et guider involontairement Wynn jusqu’au bébé de Jamie, avant de découvrir la traîtrise de son collègue et ami, et sa responsabilité sur l’origine du mal de Michael Myers. À la fin du métrage (quelle que soit la version), c’est à son insistance qu’il se retrouve seul face au danger. Implicitement éliminé par Myers dans la grotesque version cinéma, ou conduit à assumer le rôle de protecteur de Myers dans l’hallucinant final de la version Producer’s cut, durant lequel un Wynn mourant confie au docteur la malédiction de Thorn et la charge qu’avait jusque-là l’homme en noir dans la protection du croquemitaine dans sa quête sanglante. En voyant apparaître le symbole de Thorn à son poignet, Loomis hurle de désespoir avant de sentir grandir en lui les prémices d’un pouvoir qu’il combattait jusqu’à lors au péril de sa vie.

Face à longévité de son personnage dans la saga, Donald Pleasence ne cache pas sa surprise : « Quand j’ai commencé le premier Halloween, je n’avais aucune idée que le Dr Loomis allait devenir un personnage aussi emblématique et mémorable. Je pensais que c’était le rôle d’un seul film et que ça en resterait là. Je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse continuer encore et encore ». Après le tournage d’Halloween 6, les projets de Pleasence étaient de retourner sur les planches pour une nouvelle pièce de théâtre, son premier amour. Il déclara tout de même que pour avoir entendu des rumeurs qu’Halloween 6 serait son dernier, sa réponse quant à sa participation à un hypothétique (mais inévitable) nouvel opus méritait réflexion, avant de s’empresser de dire : « Jouer dans Halloween 7 ? Certainement ! J’ai hâte de retrouver un plateau de tournage à la fin de celui-ci. Je suis tout à fait comblé de la façon dont ma carrière se déroule. Et je serai très certainement de retour dans le prochain Halloween s’ils voudront toujours de moi ». L’acteur décédera malheureusement quelques semaines après la fin du tournage, dans sa résidence de Saint-Paul-de-Vence, le 2 février 1995. Il n’assistera donc pas aux méandres que connaîtra Halloween 6 dans ses étapes de post-production, et des ingrates transformations apportées à ses apparitions dans le film. Le réalisateur Joe Chappelle, qui n’était pas très fan du Dr Loomis, n’hésita pas à qualifier plusieurs séquences de dialogues entre Donald Pleasence et Mitch Ryan (Dr Wynn) d’ennuyeuses, et les supprima purement et simplement du montage final, réduisant considérablement le nombre d’apparitions du Dr Loomis au point de ne quasiment plus apparaître à l’image durant les 20 dernières minutes du film (même le monologue de la séquence d’ouverture, exprimé par Donald Pleasence, sera remplacé par la voix de Paul Rudd [Tommy Doyle] dans le montage final). Cette regrettable décision contribua à faire du film un échec, renforcé par le sentiment général qu’un acteur légendaire de la trempe de Donald Pleasence méritait bien mieux qu’un tel film pour baisser le rideau sur une si impressionnante carrière.

(sources : Fangoria magazine, zeshapehalloween, IMDb, ohmb.net, Entertainment channel)

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