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L'ANTHOLOGIE DE MICHAEL MYERS ET DE LA SAGA HALLOWEEN

Halloween 4 : critique exclusive

1988. L’heure est aux slashers. Freddy présente son quatrième cauchemar en quatre ans, et Jason livre déjà le septième opus de sa sanglante hécatombe. En tant que précurseur de tous les croquemitaines, Michael Myers n’avait d’autre choix que de renaître de ses cendres. Pourtant, mis au placard après l’explosion du final d’Halloween 2, Myers n’était plus à l’ordre du jour pour qui que ce soit. La saga s’était lancée vers de plus verts pâturages en présentant au monde un tout nouvel aspect de la fête d’Halloween : Halloween III et ses masques mortels. Les résultats forts médiocres de ce renouveau freinèrent les producteurs dans leur intention de faire de la saga une série de films macabres sur le même thème de cette fête ancestrale. Il fallut de nombreuses années pour qu’enfin quelqu’un se décide à remettre le bourreau masqué sur le devant de la scène, répondant ainsi aux attentes désespérées des fans originels.

Le mal à l’état pur, et son aura fantomatique restée intacte malgré les années…

Halloween 4 : Le Retour de Michael Myers. Rarement un titre n’aura été aussi explicite. Tout est dans le titre, au point que les scénaristes n’eurent pas énormément de contraintes pour mettre en place le script de cette soudaine renaissance. Malgré tout, plusieurs points positifs ont joué en la faveur d’Alan B. McElroy, le scénariste chargé de l’ébauche finale du script. Déjà, la saga fêtait ses dix ans d’existence. Le coup allait forcément être médiatique. Ensuite, les éléments d’Halloween 2 lancèrent la logique principale d’Halloween 4 en développant la seule esquisse d’objectif qui pouvait encore motiver le monstre : l’envie d’éradiquer sa famille. Laurie Strode dans les deux premiers opus, et un nouvel élément dans les suivants. Jamie Lee Curtis étant devenue mondialement célèbre, et refusant de jouer dans un nouveau film d’horreur, on lui inventa une mort prétexte (un accident de voiture) et surtout une fille livrée à son triste sort. Ce nouveau personnage, baptisé Jamie Lloyd en hommage à Jamie Lee Curtis, deviendra le centre d’intérêt du tueur, et par cette occasion, la raison de sa résurrection.

Rachel et Jamie, les nouvelles proies du monstre de Haddonfield, enfin de retour…

Mais le bourreau et la victime ne sont que deux des composants du triptyque qui faisait la force d’Halloween 1 et 2. Il fallait qu’intervienne à nouveau celui qui ne comptait plus sur aucun élément de raison pour traquer ce qu’il baptisera éternellement comme étant le Mal à l’état pur. Le Dr Loomis, toujours interprété par Donald Pleasence, sort donc également du brasier pour cette nouvelle aventure. Une fois que le trio est présenté, une tripotée de personnages secondaires vient boucler le casting. L’aventure peut enfin recommencer. Et pourtant, il serait lâche de passer à côté de la force principale d’Halloween 4 : celui de présenter un premier rôle féminin fort et fragile à la fois, cible de choix pour le croquemitaine, mais qui s’écarte du mobile principal de ce dernier. Pour prendre le digne flambeau de l’héroïne des premiers opus, Halloween 4 bénéficie de la présence de Rachel Corruthers, la demi-sœur de Jamie. Plus mature que Jamie et plus proche du personnage de l’adolescent type traqué par le tueur, Rachel reste l’élément auquel le spectateur pourra s’identifier. En plus de vouloir se sauver elle-même, Rachel aura la charge de protéger sa petite sœur des griffes d’un croquemitaine particulièrement coriace. Evidemment, le slasher s’est, avec les années, illustré de manière trash et irrévérencieuse. À cela, la surenchère est de mise. Sur un plan exclusivement axé sur l’ambiance générale et les effets chocs, Halloween 4 ressemblera donc davantage à un Vendredi 13 qu’à La nuit des masques. Qu’importe, les fans voient enfin le retour de leur tueur préféré. L’épopée sanglante de Michael Myers peut allonger sa liste de victimes.

Le Dr Loomis est lui aussi de retour pour en découdre avec son infatigable patient…

Et des victimes, il y en aura un paquet. Les premières minutes annoncent la couleur : un pouce planté en plein crâne, une poignée d’infirmiers massacrée, une ambulance jetée du haut d’un pont, le retour de Michael Myers est fracassant. Pour certains, leur tueur est de retour. Pour d’autres, un nanar est né. La présence mécanique et complètement hallucinée du Dr Loomis le confirme : le final d’Halloween 2 s’adoucit, et les choses reprennent là où elles en étaient. Dix ans et un coma plus tard, Myers rouvre les yeux (que Laurie avaient pourtant flingués au revolver, souvenez-vous) et tilte à l’existence d’une nièce quelque part dans Haddonfield. Les énormités feront grincer des dents, mais les qualités viendront équilibrer la balance, notamment dans le traitement du personnage du Dr Loomis. Contre toute attente, Donald Pleasence (à l’origine attiré uniquement par le dollar pour reprendre son rôle) se présente sous son meilleur jour, plus impliqué qu’avant, mais pas encore tout à fait fou. Écarté du service de psychiatrie au profit du Dr Hoffman après son accident qui l’aura particulièrement démuni physiquement, Loomis fera de Myers son unique raison de vivre (on a déjà pu voir et nous verrons encore l’avenir qu’il aura aussi été sa raison de mourir). Cet acharnement se soldera par une démence de plus en plus étonnante. Son entrevue avec Myers à la station service montre ainsi toute l’étendue des rapports à la fois électriques et nostalgiques entre le psychiatre et son irrécupérable patient.

Après 10 ans de coma, Michael Myers n’a rien perdu en efficacité…

Alan B. McElroy n’a eu que 11 jours pour écrire son script, afin d’éviter une grève des scénaristes qui aurait anéanti le film, et ses chances de percer à Hollywood. Réunir ainsi les prémices de l’histoire, les mobiles prononcés du tueur, les différents personnages et les nombreux coups de théâtre en 11 jours est une performance qui n’est pas donnée à tout le monde. La réalisation de Dwight Little conserve une ambiance à couteaux tirés, bien que plus orientée vers l’action brute (la poursuite sur les toits de la maison du shérif) et (trop) simple (le combat sur le toit du van). En fait, dans la saga, Halloween 4 est la meilleure représentation du slasher des années 80. Ni trop sobre ni trop gore, lorgnant entre la sagesse de ces héros et la grossièreté de ses victimes, le film accumule les grandes idées et les détails poussifs. Michael Myers à lui seul est à la fois majestueux car immense ; et ridicule car affublé d’un masque vulgaire et d’un pantalon trop court. Le shérif Meeker, qui remplace le shérif Brackett des deux premiers opus, déjoue le naturel de son prédécesseur au profit d’un personnage machiste et transparent, typique des films d’action américains. Ne parlons pas de sa fille Kelly, présentée à juste titre comme la bimbo de service, adepte des amours libertines et du crêpage de chignons. Sa mort (un clin d’œil explosif au meurtre de Bob dans La nuit des masques) restera une immense récompense pour le spectateur, que les éléments du film auront de toute manière forcé à détester. Enfin, la lourdeur de la troupe du bar (Earl et compagnie, décidés à jouer les gros bras et mettre la mains sur Michael Myers) plombe un peu la rythmique du film et l’unité des personnages, bien qu’ils illustrent les dommages psychologiques irréversibles des habitants de Haddonfield suite à la première hécatombe de 1978. Surtout que cette bande de poivrots finira par lâcher les armes pour prendre la poudre d’escampette loin de la ville, se considérant comme des héros pour avoir porté secours aux deux héroïnes. Une fois encore, Myers viendra punir les lâches. Une logique imparable et bienvenue.

Un affrontement mémorable sur les toits entre le tueur et sa victime de prédilection…

Tour à tour, la petite Jamie et la jeune Rachel seront les proies du tueur. Douceur et témérité caractériseront les deux personnages que l’avenir n’épargnera malheureusement pas. L’humour n’est pas écarté. Rachel sera d’ailleurs tout d’abord présentée comme une petite ingénue presque écervelée. Sa force de caractère dans les situations désespérées attirera la sympathie et l’implication du spectateur. La grandeur de certains personnages et leur part émotive (Loomis, Rachel et Jamie) ne feront que rabaisser encore l’interprétation assez foireuse des autres personnages (Meeker, Brady et Kelly). George Wilbur, le cascadeur qui interprète Myers, s’en tire plutôt bien, malgré son masque sommaire et son côté légume en fin de métrage (la faute à une combinaison surblindée qui donne à Myers l’allure d’un rugbyman retraité). Bien que considéré comme léger voire indigne du film de Carpenter (il en est pourtant un copié/collé réactualisé façon 80ies), Halloween 4 sera un carton en salles de cinéma. Pour de nombreux fans, il est la séquelle la plus emblématique de la saga. Sans le savoir, Michael Myers revient à l’honneur pour entamer une alternative barbare et primaire à l’origine de la saga, formant les bases d’une trilogie que les deux prochains chapitres accentueront (ou anéantiront). Dans tous les cas, le spectacle est entier, la peur est (presque) au rendez-vous, les scènes d’anthologie, les meurtres graphiques et les prétextes faciles s’enchaînent avec rythme. N’omettons pas de revenir sans le citer sur l’incroyable final du film, une façon tétanisante de boucler la boucle et replonger aux origines avec talent et audace. Pour peu, Halloween 4 aurait pu clore la saga comme le fit Halloween 2, et comme le fera Halloween 20 ans après. Mais une fois encore, le pur but commercial des producteurs remportera un combat gagné d’avance. La règle est dorénavant simple : tôt ou tard, Michael Myers reviendra…

Halloween 4 renoue avec les fondamentaux et regorge de scènes d’anthologie…

En résumé, les ingrédients d’Halloween 2 mêlés à ceux qui font les règles d’or du slasher movie ont eu raison de la léthargie de Michael Myers. Ce dernier revient donc à la demande des fans, prêt pour un nouveau massacre. Le métrage de Dwight Little, résolument graphique et axé sur une ambiance à la fois malsaine et menée par l’action brute, présente de grandes idées calfeutrées par des personnages secondaires malheureusement grossiers qui affaiblissent l’impact sur le spectateur pendant une grande partie du film. Mais on ne pourra toutefois oublier le final ahurissant qui fait table rase des questionnements sur la nécessité de cette séquelle et qui fait indiscutablement d’Halloween 4 un monument d’angoisse à (re)découvrir de tout urgence.

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